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Le Système électrique national pourra-t-il se rétablir complètement (III)

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FeltonLe montage du bloc 2 de la centrale Felton – détruit par un incendie en 2022 -– a déjà commencé et il est construit avec des composants pour la plupart fabriqués à Cuba. Photo: Germán Veloz PlacenciaLe redressement de la production distribuée n'est pas un projet : c'est un fait que des mégawatts de puissance sont ajoutés chaque mois, comme c'est un fait que le montage de l'unité 2 de la centrale Felton a déjà commencé, et que plusieurs blocs thermiques seront réparés, a assuré le ministre de l'Énergie et des Mines au journal Granma

Les gens savent, et ils font des calculs. À leur manière, avec des noms, des unités de mesure et des algorithmes qui n'ont rien à voir avec l'intelligence artificielle la plus avancée, car la question de l’électricité a un tel impact négatif sur la vie des Cubains – de jour comme de nuit –, et sur leur qualité de vie qu'ils ont inventé une façon de la comprendre, qui est aussi une manière d'entretenir l'espoir.

Comprendre que mégawatt, ce n'est pas la même chose que mégawattheure, et que ce dernier mesure le travail, la consommation, et non la puissance, et qu'il s'écrit à la suite, sans slach (/), cela ne résout pas grand-chose. Ce qui compte, c'est le mégawatt (MW), tout court, qui représente en fin de compte le courant dont on disposera aujourd'hui, encore pour moins d'heures que celles où il y aura une coupure d’électricité.
C'est pourquoi, les Cubains mesurent désormais la coupure avec des noms de centrale thermoélectrique, en fonction du bloc qui « sort du système » à cause d'une panne. La peur que provoque l[la centrale] Renté ou Nuevitas est moindre (60 ou 70 (MW), celle de Mariel un peu plus (100 (MW), mais tout le monde s’inquiète quand la mauvaise nouvelle vient du côté de Felton ou de Guiteras, parce qu'il est possible qu'au lieu de compter les heures sans électricité, on comptera les jours.

 Et c'est aussi pour cela qu'il ne suffit pas de dire à la population : « nous travaillons pour résoudre le problème ». Il faut lui parler avec son langage et lui expliquer que les trois parcs solaires déjà synchronisés, en cas de plein soleil, sont comme une Nuevitas « toute neuve », qu'à la fin du mois de mars huit seront connectés et qu'en avril ils seront dix. Ce sera comme si une autre Felton était branchée au Système national d'électricité (SEN).

Lors de son entretien avec Granma, Vicente de la O Levy, ministre de l'Énergie et des Mines, a insisté sur les faits : nous branchons des capacités de production au SEN, certaines nouvelles, comme les parcs, mais la plupart en récupérant de la puissance que nous avons perdue parce que nous ne disposions pas de tout le financement nécessaire pour réparer les centrales à temps, ou parce qu'ils [les États-Unis] ont menacé l’entreprise qui fabriquait les pièces de rechange dont nous avions besoin, et le navire qui apportait les pièces ; parce que nous avons dû acheter un navire, arriver discrètement, en changeant d’itinéraire pour passer par la porte de derrière et en payant trois fois plus cher.

Le plus important, selon le ministre, c'est que tout ce qui a été planifié se déroule comme prévu et commence désormais à se concrétiser. C'est pourquoi, lorsque Felton « est sortie du système » la dernière fois, des générateurs ont démarré et ont comblé le « manque ».

Mais avant cela, les centrales étaient arrêtées, et de tout ce qui était en panne dans la production distribuée – celle qui a besoin de diesel ou de fioul importé pour fonctionner – cette année, il y aura 850 MW entièrement réparés, ce qui équivaut à trois Felton et une Mariel. « C'est une question que nous traitons systématiquement, et que le Président vérifie toutes les semaines », affirme le ministre.

Nous devions arriver au mois de janvier en ayant récupéré 115 MW, et ces 115 MW ont été atteints. À la fin du mois de janvier, nous devions récupérer 36 MW, et ils ont été récupérés. En février, c’étaient 45 MW, et ils l'ont été. Faites les comptes !

En mars, il faut remettre en service 48 MW, et ils vont l'être. Cela nous conduit au chiffre de 850 MW à la fin de l'année, ce qui explique qu’il s'agit d'un processus graduel.

Pour le redressement du SEN, qui a connu tant d'années de manque de ressources financières et de pièces, notamment de pièces d'origine, on réduit parfois le problème aux chaudières des centrales thermoélectriques. Pas du tout, il ne s'agit pas seulement des chaudières. Ce sont les chaudières, les systèmes automatiques, les questions électriques, les sous-stations... Combien de questions dans une centrale thermoélectrique ? C'est tout un système.

Que s'est-il passé à Felton, qui est restée plus de dix jours sans fonctionner ? Une fuite d'azote à l'intérieur du générateur, comme la petite fuite d'un réfrigérateur, mais nous avons dû démonter tout le générateur, ce qui représente des tonnes et des tonnes de fer, et aller jusqu'en dessous, jusqu'au bout, pour souder cette petite fuite.

Il s'agit d'une énorme masse de fer, qui est chaude et qui ne refroidit pas en une heure, mais en plusieurs jours. Et lorsqu'ils l’ont trouvée, ils ont soudé cette fuite.

Un travail extrêmement méritoire, parce que c’est vite dit, mais des compagnons sont restés des heures et des heures « coincés » là-dessous : le directeur de la production, le directeur de l'usine et ses techniciens, ceux de Moa-Niquel, travaillant sans relâche.

Et ce sont des problèmes qui se produisent de plus en plus fréquemment, en raison de la détérioration accumulée des centrales thermoélectriques, Et ce n’est pas seulement un problème de chaudières.

–Y a-t-il des amis dans le monde qui souhaitent nous aider à résoudre ce problème ?
– Avec les pannes de système et les grandes coupures d'électricité, certains pays nous ont proposé leur aide, sous forme de combustible, de pièces détachées, d'assistance technique... L'aide des spécialistes qui sont venus analyser avec nous ce qui se passait a été inestimable, et ils continuent à venir, pour faire l’analyse des besoins et des ressources.

Bien que l'Union électrique dispose d'un corps d'ingénieurs et de spécialistes extrêmement compétents, nous ne sommes pas spécialistes de tout, mais à notre grande satisfaction, tous les experts internationaux qui sont venus ont approuvé nos évaluations. Ils l'ont confirmé par écrit.
Ils ont approuvé notre stratégie de développement. Nous avons perfectionné, nous avons discuté, mais en général, à partir des grandes lignes, ils ont reconnu que nous savons ce qu'il y a à faire, que les causes fondamentales du problème ont été identifiées : il est urgent d'augmenter la production nationale de combustible, de réduire la consommation avec des énergies renouvelables, c'est la voie à suivre, ainsi qu'augmenter la production distribuée et les centrales thermoélectriques, qui continueront à être indispensables, le régime de base, parce qu'il utilise le combustible cubain, ce qui nous rend souverains.

Y a-t-il un nouvel investissement pour récupérer Felton 2 ?
– Felton 2 est déjà en cours de réparation. C'est une question que notre peuple a posée, à juste titre. Depuis la destruction de Felton 2 par un incendie, le travail n'a pas cessé. Il s'agit d'un processus d'investissement, un gigantesque projet d'ingénierie.

Le démontage a été effectué de manière rigoureuse. Nous avons dû importer du matériel pour démonter, car, pour être honnête, démonter, ce n'est pas démolir. Démonter, c'est aussi préserver et récupérer, par exemple, le dôme de la chaudière.

Pour démonter le dôme de la chaudière jusqu'au sol, nous avons dû importer du matériel, des vérins, et il a fallu le descendre jusqu’au sol, on ne pouvait pas le descendre avec une grue, en le balançant. Ce projet d'ingénierie, qui consistait à démonter, est achevé.

C’est alors que nous avons dit : nous devons assurer la fabrication à Cuba, nous ne disposons pas du financement possible pour l'importer complètement, si bien que nous avons commencé à acheter des matières premières pour fabriquer l'ensemble de la structure de la chaudière de Felton 2 à Cuba.
Et si nous allons maintenant à Metunas, l'usine de Las Tunas, nous verrons que toutes les poutres et les colonnes y sont construites à partir d'acier importé, mais que le façonnage de toutes les structures est produit ici. Bien sûr, nous devrons toujours importer les systèmes automatiques, la turbine, les équipements auxiliaires... 

– Tout a--t-il été détruit, ou seulement quelques éléments fondamentaux ?

– Tout. Certains ont évoqué la possibilité de récupérer la chaudière, de la redresser, mais l'étude technique a indiqué que tout devait être démonté, et la vie nous a donné raison. Lorsque nous avons démonté la chaudière, elle était pratiquement détruite ; c'était comme un bâtiment entier qui avait été tordu, fendu, brisé... en plus des années de fonctionnement.

– Existe-t-il un calendrier précis pour terminer les réparations ?
– Ce processus d'investissement ne prend jamais moins de deux ans ; mais il a déjà commencé, ce n'est pas à partir de maintenant. Ces deux années sont déjà en cours.

– Autrement dit, le montage de Felton 2 a déjà commencé ?
– En effet, il est déjà en cours de montage, en toute souveraineté cubaine. Les collègues de Metunas font un excellent travail, ils ont également fait des investissements dans l'usine pour pouvoir répondre aux exigences élevées de qualité, très collégialement avec les collègues de Felton et de l’Union électrique, afin de mener à bien ce projet.

– Pour récupérer sa capacité d'origine ?
– Les 250 MW, la réparation de Felton 2, c’est pour sa pleine capacité nominale.

– Une autre centrale thermique fera-t-elle l'objet de réparations majeures, pas de maintenance, mais de réparations complètes, voire de modernisation ?

– Il y a un plan, oui, il s’agit déjà des deux unités de la Céspedes, la centrale thermoélectrique de Cienfuegos, de son premier bloc, qui se synchronisera en avril. Nous parlons de 158 mégawatts et l'autre, similaire, qui entrera en service en juin.

– Cette réparation peut-elle être considérée comme majeure ?
– Non, mais elle a fait l'objet d'une réparation très profonde, d'une qualité pour laquelle nous avons demandé des conseils techniques.
Nous avons sorti des pièces à l'étranger, nous avons construit des pièces à l'étranger ou nous les avons fait venir d'urgence. Dans ce cas, tout le monde a coopéré pour garantir la logistique : avions, bateaux, entreprises étrangères qui ont arrêté leur production pour nous aider.
Un directeur de l’une de nos usines s'est rendu dans un pays qui a fabriqué une pièce clé. Il a séjourné là-bas, dans les ateliers de grandes entreprises qui ont arrêté leur production pour se mobiliser face à la situation cubaine, et ils ont travaillé samedi et dimanche, ils ont travaillé les jours de fête de fin d'année pour finir à temps, et ils ont fini à temps, y compris avec des jours d'avance.

Ensuite, nous avons cherché des bateaux pour apporter les pièces, d’excellente qualité. Pour autant, il ne s'agit pas d'une réparation majeure, mais cela s'en rapproche.

Il est prévu, dans le cadre du programme de redressement du SEN, outre la reconstruction de Felton 2, de remettre en état trois autres unités de 100 MW.

Il est également prévu de procéder à la réparation majeure de la centrale thermoélectrique Antonio Guiteras, dont les indicateurs ont eu un comportement stable, comme on peut le voir, bien qu'elle fonctionne et qu’elle s’arrête – quand Guiteras « sort du système », tout le monde le sait –, mais elle s'est comportée beaucoup mieux que les années précédentes.

Guiteras a de nombreuses années d'exploitation qui font qu'il est urgent de la sortir du système, et pas seulement à cause des années d'exploitation. Les études approfondies réalisées par des spécialistes, les analyses du générateur, de l'épaisseur des tuyaux, du système automatique, de toute l'installation électrique, nous oblige à effectuer une réparation majeure.

– Et de prendre les neuf ou dix mois dont elle a besoin....
– Exactement, une réparation complète, pour laquelle nous disposons d'une bonne partie des ressources à Cuba.
Il nous reste encore quelques millions de dollars pour acquérir du matériel, prévu dans des contrats en cours de négociation. Les paiements sont effectués et le matériel est en train d’arriver...
C’est lorsque nous aurons environ 90 % des ressources à Cuba que nous arrêterons la Guiteras.

– Alors Guiteras sera réparé cette année, trois unités de 100 MW...
– ...les deux blocs de Céspedes, qui reprendront du service dans de bien meilleures conditions que lorsqu'ils ont été arrêtés et, en outre, une autre réparation qui est effectuée en ce moment ; nous ne pouvons pas dire que c’est une réparation capitale, mais une réparation d'environ six mois à Este Habana 2, à Santa Cruz del Norte, et à Renté 5, à Santiago de Cuba.

Les deux fonctionneront également dans de meilleures conditions que lorsqu'elles ont été arrêtées, car il s'agissait d'unités qui se synchronisaient et s’arrêtaient dans la journée et tombaient en panne tous les jours. En outre, elles livraient déjà une puissance de 50 MW, 60 MW, des unités de 100 MW de capacité installée.

– La dépendance à l'égard des centrales flottantes sera donc progressivement éliminée de la matrice de production ?
– En effet.

Dans un pays qui doit aujourd'hui fermer de nombreux circuits parce que le courant qu'il produit n'est pas suffisant pour desservir tous les consommateurs en même temps, on ne se croise pas les bras face à l’urgence de trouver une solution à la crise énergétique.
Cependant, avec tant d'investissements aux factures très élevées, le stockage de ressources matérielles et la mobilisation de spécialistes et de techniciens cubains et étrangers, a-t-on pensé à la durabilité de tout ce que qui est entrepris ?

Aurons nous alors les moyens de remplacer à temps les panneaux endommagés, la batterie défectueuse, la pièce afin d’éviter la surexploitation irréversible de la centrale thermoélectrique reconstruite ou totalement réparée ?

Sur la voie des énergies renouvelables, avons-nous négligé, au profit du solaire, ce que nous avions gagné dans l'hydro-énergie ; ce que nous pouvons faire en utilisant l’énergie éolienne, ce qui a été pensé, commencé, et n'a pas été achevé ?

Les réponses, dans la dernière partie de l’entretien de Granma avec le ministre de l'énergie et des mines, Vicente de la O Levy. (Source : Granma)